L’évolution de la température dans le bassin méditerranéen

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Ça chauffe en Méditerranée !

De nombreux rapports ont établi l’existence, en Méditerranée, d’un changement climatique sans équivoque et plus important qu’ailleurs. Depuis 1910, la température moyenne de la terre s’est accrue d’environ 0,6°C. La décennie des années 90 a été la plus chaude du 20éme siècle. Une tendance qui ne se dément pas, puisque les années 2005 et 2010 ont été les plus chaudes jamais enregistrées autour du bassin méditerranéen.

Nombreux sont ceux qui abordent le sujet ; Forumemploiseniors.fr va plus loin dans le défrichage du sujet…

Les effets des changements climatiques sur le cycle de l’eau sont importants : la quantité et la qualité des ressources en eau disponibles pour satisfaire les demandes tant agricoles qu’humaines, la disponibilité et la qualité de l’eau potable, la production d’hydroélectricité, le refroidissement des usines thermiques et l’irrigation.

De nombreuses études estiment probable que l’augmentation de la température moyenne annuelle, entre 2°C et 6°C d’ici la fin du siècle, soit légèrement plus marquée dans le bassin méditerranéen, qui compte 23 Etats.

Une mer qui transpire…

En raison de la diversité et de la vulnérabilité des écosystèmes méditerranéens, on estime qu’une hausse des températures de 2°C pourrait provoquer la disparition de 60 à 80% des espèces végétales du sud de la méditerranée. L’une des conséquences du changement climatique, sans doute la plus médiatisée, est l’élévation du niveau de la mer.

Cette problématique suscite de nombreuses recherches portant sur l’adaptation des écosystèmes et leurs enjeux socio-économiques. La montée généralisée du niveau des mers est due à l’augmentation de la quantité d’eau des océans, du fait de la fonte progressive des glaciers et des calottes glaciaires, mais aussi à une dilatation de la masse d’eau océanique en raison de l’augmentation de sa température, plus particulièrement élevée en Méditerranée.

Une accélération du phénomène

Entre 1900 et 2000, on a relevé une élévation globale de 17cm du niveau des eaux, tandis qu’entre 1993 et 2003, le rythme global a été de 3,1mm par an, ce qui correspondrait à une augmentation de 31cm sur un siècle.

… une terre qui s’assèche.

La hausse du niveau de la mer affectera en premier lieu essentiellement les régions côtières et deltaïques, comme le delta du Nil, l’un des plus vastes du monde, qui rassemble près de 38 millions de personnes, soit la moitié de la population égyptienne.

Le phénomène est déjà observé dans certaines régions d’Espagne, affectées par un appauvrissement de leurs sols dédiés à l’agriculture. Les nappes phréatiques côtières constituent un enjeu majeur pour l’irrigation agricole, mais aussi pour l’alimentation en eau potable des populations locales. Ces masses d’eau stratégiques sont hypersensibles aux modifications annoncées de pluviométrie qui contrôle la balance « recharge-prélèvements », notamment du fait d’une irrigation accrue en cas de sécheresse. D’autant que le risque d’intrusions salines dans ces nappes rendra encore plus difficile leur utilisation agricole.

La photosynthèse mise à mal

Au niveau du fonctionnement écophysiologique des plantes cultivées, le premier élément à prendre en compte n’est pas la modification du climat, mais bien le facteur qui est essentiellement responsable : l’augmentation du gaz carbonique atmosphérique. En effet, celle-ci produira une stimulation de la photosynthèse, le processus qui conduit à la fixation de l’énergie solaire dans les feuilles des plantes par transformation de CO2 et d’eau  en carbo-hydrates, estimée à environ 30% pour les plantes tempérées telles que le blé et le riz et à 15% pour les plantes d’origine tropicale comme le mais.

Cette augmentation sera néanmoins conditionnée par les autres facteurs limitant la production agricole, comme la nutrition en azote et autres éléments minéraux.

Or, l’accès du CO2 à la feuille dépend aussi des capacités d’accès à l’eau de la plante puisque la limitation de la transpiration empêche aussi le dioxyde de carbone d’être acheminé jusqu’à l’appareil photosynthétique.

Le rapport photosynthèse nette/transpiration déterminera l’impact sur la production de biomasse végétale. Bien que la réponse physiologique des plantes à un enrichissement de l’atmosphère en gaz carbonique et à une augmentation concomitante de la température entraîne en théorie une production plus importante de biomasse, les effets sur le rendement des espèces cultivées, à l’échelle du peuplement, risquent d’être beaucoup plus contrastés.

Cela est beaucoup prégnant dans le bassin méditerranéen (Sud de la France, Italie, Grèce), plus que dans les régions tempérées ou le facteur déterminant sera davantage celui de la pluviométrie. Un stress hydrique élevé et répétitif amplifierait les effets négatifs avec des baisses de rendement pouvant atteindre 20 à 30% pour les cultures d’été et plus de 50% pour la production fourragère.

Le changement climatique, bien qu’il ne soit pas le seul facteur, aura bien un impact significatif sur la productivité de l’agriculture et la répartition des surfaces agricoles en méditerranée.

Mitigation contre adaptation

Les conclusions du groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat sont formelles : les effets du changement climatique sont inévitables. Deux approches sont largement privilégiées pour traiter de ce thème :
la mitigation et l’adaptation.

La première consiste à limiter le processus même du changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre à la source et en développant des puits qui permettent de capturer et de stocker ces mêmes gaz en dehors de l’atmosphère.

Les mesures d’adaptation sont quant à elles basées sur la gestion et/ou la prévention des impacts du changement climatique, ainsi que sur une compréhension des mécanismes impliqués dans la survie des organismes vivants face à de nouveaux environnements.

Les arguments en faveur des mesures d’adaptation semblent prendre de plus en plus de poids au fur et à mesure qu’on se rend compte des difficultés qu’il faut surmonter pour concilier réalisme et ambition. La Méditerranée, en particulier les rives sud et est, est et sera plus touchée par le changement climatique que la plupart des autres régions du monde au cours du 21éme siècle.

Elle paraît ainsi, à la fois comme une région prioritaire pour les mesures écologiques d’adaptation, mais aussi comme un laboratoire de ce que pourrait être entrepris ailleurs dans le monde.

L’une contre/avec l’autre ?

Mais des conflits peuvent alors apparaître entre atténuation et adaptation quant à la gestion de l’eau : une stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre, comme la mise en œuvre d’un barrage hydraulique (atténuation), contribuent à la réduction de l’apport sédimentaire en méditerranée, aggravant ainsi l’érosion côtière et la montée du niveau des eaux.

Néanmoins, la relation entre atténuation et adaptation peut également être positive. Par exemple, lorsque l’énergie solaire est utilisée pour dessaler l’eau et diminuer le coût environnemental de la production du sel ou produire de l’eau utilisable en agriculture.
Les thèses favorables aux principes de l’adaptation sont largement aidées par l’expertise agronomique au sens large, tels le recours au matériel génétique peu consommateur d’eau, la mise au point d’itinéraires techniques adaptés à l’irrigation et l’ajustement de la fertilisation.

Une inévitable évolution

En effet, si les agriculteurs ont déjà pu faire évoluer rapidement leurs méthodes et leur type de cultures en fonction des contraintes résultant de la politique agricole commune, un deuxième niveau d’adaptation passera par un déplacement géographique des zones de production ou de plantation, soit une remontée vers le nord ou en altitude, ou bien encore par l’introduction de cultures tropicales dans le nord de la méditerranée, comme l’arachide.
On notera, en outre, que pour certaines productions caractéristiques comme la vigne, une grande partie de la valeur ajoutée est liée à l’existence d’une zone géographique d’appellation ou de terroir, combinant une étroite adéquation entre le sol, le climat, les cépages et les techniques culturales.

D’autres recherches visent à comprendre les mécanismes moléculaires qui contrôlent l’adaptation des plantes aux changements climatiques. Néanmoins, si la tendance à une diminution de la pluviométrie estivale (de l’ordre de 20% à 30%) autour du bassin méditerranéen devrait se confirmer dans le futur, cela pourrait entraîner, en plus des tensions entre les populations, une réorganisation très significative de l’activité agricole.

Gageons que l’adaptation sera la stratégie qui l’emportera alors.

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