Explication de l’expression : Toucher du bois !

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Courez vite toucher du chêne ou du pin ou n’importe quel autre arbre… pourvu que se soit du bois !Vous souhaitez repousser le mauvais sort mais ne vous savez pourquoi vous faites cela ?Alors partons sur les traces d’une superstition ancestrale…

Toi, toi, mon bois…

Pour les hommes préhistoriques, le bois enferme en lui la puissance du feu, découverte fondamentale de l’évolution de l’humanité. Au point que la flamme, source de vie, devient alors un élément sacré.
Les premier allume feu sont constitués de deux morceaux de bois, de duretés différentes, frottés par rotation jusqu’à échauffement.
Pour ces premiers hommes, le bois a donc une valeur inestimable : il contient le feu et permet même de l’entretenir ! Dès lors, il est considéré comme le lieu de résidence des puissants esprits, puis devient une matière vénérée dans de nombreux rituels propres au culte de l’arbre. Enfin, la crucifixion de Jésus lui confère une évidente connotation divine.

L’union de l’eau, de la terre et de l’air

Au Moyen-âge, « toucher du bois » est une forme de supplication qui permet de se protéger de l’adversité. Fortifié par ce long héritage, le bois ne peut propager que d’heureuses influences. Ainsi, l’expression, associée à un mouvement discret de la main droite destiné à joindre le geste à la parole, doit-elle éloigner le mauvais sort ou porter chance ?

Par souci de perfectionnisme, d’aucuns soutiennent qu’il faut toucher du bois naturel (sans peinture ni verni) et si possible rond (cannes, branche, bûche, manche d’outil…).

Mais on met surtout toutes les chances de son côté en optant pour le bois d’un arbre sur pied, bien vivant, capable de transmettre ses forces vitales issues des entrailles de la terre.
En réalité, toute la tradition superstitieuse véhiculée par le bois s’appuie sur le symbolisme universel lié à l’arbre.
Car il rassemble trois éléments fondamentaux : l’eau, la terre et l’air !

Ses racines plongent dans un monde souterrain inconnu qu’elles sondent et dont elles se nourrissent. Le tronc émerge de la terre et dialogue avec son environnement.
Ses branches et ses feuilles s’élèvent et tendent vers le ciel, en quête de quelque mystère caché.

L’arbre apparaît ainsi comme un support de communication entre les ténèbres du sous-sol et les voies aériennes baignées de lumière. Il représente l’arbre du monde (arbre cosmique ou axe de l’univers) qui joue le rôle de trait d’union entre le nadir (position du soleil à minuit) et le zénith (position du soleil à midi), entre les profondeurs et l’élévation, entre l’ignorance et la connaissance, entre l’invisible et le visible.

Dans cette même approche, il réunit les principes masculin et féminin.
D’un côté, le symbole phallique et solaire du tronc dressé qui représente la force et la puissance. De l’autre, le feuillage dense et enveloppant qui abrite, couvre et accompagne l’éclosion des fruits.

L’arbre incarne aussi la régénération cyclique, la perpétuelle évolution et l’ascension. Et lorsqu’il possède un feuillage persistant, il exprime bien sûr l’éternité et l’immortalité, cet arbre de vie que l’on retrouve aussi bien dans la tradition de l’Iran que dans celle du Japon, mais également dans le jardin dEden de l’ancien Testament.

La célébration de l’Arbre

Au 6e siècle avant notre ère, aux confins de l’Inde et du Népal d’aujourd’hui, le prince de la tribu des Shakya décide de s’installer sous un figuier des pagodes à Bodh-Gaya, non loin de Bénarès. Après cinq années de méditation à l’ombre de ce ficus religiosa, il parvient à l’éveil et devient le Bouddha.

L’arbre ne fait pas l’objet de vénérations que sur le seul continent asiatique. La tradition gréco-latine lui vouait une véritable dévotion, de même qu’aux forêts. A chaque dieu correspondait un arbre sacré. Leur culte atteint son apogée dans les tout premiers siècles de notre ère.

Avec ceux consacrés à la pierre et à l’eau (fontaine, source, étangs…), il figurait au rang des célébrations les plus populaires de la Gaule préchrétienne. Au point qu’il faut attendre la fin du premier millénaire pour constater une désaffection, causée probablement par les opérations de défrichement  et de conquête du sol cultivable. On fit alors reculer la forêt pour remplacer l’arbre des céréales.

Ce bond en avant, indispensable pour éviter la famine des populations, eut raison des rituels païens liés à la vénération des arbres.
Sans le chercher, ce nouvel ordre socio-économique parvint à chasser un culte naturiste ancestral. Pourtant, pendant des siècles, le volontarisme et les anathèmes de l’Eglise avaient échoué dans cette entreprise.

Ainsi se termite..euh… se termine cet épisode boisée de notre saga sur les superstitions, qui je l’espère, ne vous aura pas laissé de… marbre !  Enfin…. je touche du bois !

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