Descente d’organe : chez les femmes jeunes comme chez les moins jeunes

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En terme médical, on parle de prolapsus. C’est un problème fréquent à traiter sans tarder. 

Amélie a des infections urinaires à répétition, Marie se plaint d’une pesanteur pelvienne, et Chloé sent comme une « boule » au niveau du vagin… Toutes trois souffrent de prolapsus, ou descente d’organe. Il s’agit d’une extériorisation plus ou moins marquée d’un ou plusieurs organes pelviens (vessie, utérus, rectum) par le vagin. Mais il existe des solutions adaptées à chaque cas.

Normalement, les organes pelviens restent à leur place. Ils sont solidaires les uns des autres, suspendus par des ligaments et soutenus par les muscles du plancher pelvien. Un triple amarrage très efficace.. sauf si un problème survient et compromet cet équilibre.

Après l’accouchement

On peut ressentir une sensation de pesanteur dans le bas-ventre aggravée par l'effort.

On peut ressentir une sensation de pesanteur dans le bas-ventre aggravée par l’effort.

Un accouchement difficile, en cas de gros bébé, ou l’utilisation d’un forceps peut distendre les muscles et les ligaments, tout en affaiblissant le plancher pelvien. Même risque avec les efforts physiques violents et répétés (sportifs ou professionnels), les toux chroniques, la constipation sévère, sans oublier la ménopause qui fragilise l’ensemble, car les tissus privés d’œstrogènes sont moins toniques. « Il existe également des formes familiales de prolapsus, dues à des maladies du collagène, dit le Dr Brigitte Fagon.

Cette altération du tissu conjonctif entraîne des prolapsus chez des femmes jeunes, parfois sans enfant. »

Le prolapsus progresse, degré par degré. Il n’y a d’abord aucun symptôme. Seul le gynécologue perçoit un début de descente d’organe. Par la suite, le prolapsus s’accentue. Lors d’un examen systématique annuel, le médecin perçoit une petite boule à mi-hauteur du vagin, qui correspond à l’organe qui se mobilise.

A ce stade, quelques symptômes apparaissent. Le prolapsus ne fait pas mal, mais peut entraîner des troubles urinaires, une gêne lors des relations sexuelles, ou de la constipation. « Mais, le plus souvent, les patientes se plaignent d’une sensation de poids pelvien aggravée par l’effort », souligne le Dr Joëlle Badin.

Un degré au-dessus, l’organe affleure l’orifice vulvaire. Les symptômes s’accentuent. Selon les cas, on souffre de pesanteur, d’infections urinaires ou de difficultés en allant à la selle…

Paradoxalement, l’incontinence disparaît parfois lorsque le prolapsus s’aggrave : l’organe est descendu si bas qu’il fait pression sur l’urètre et empêche les fuites urinaires. Mais les patientes souffrent alors de difficultés pour uriner.

Elles n’osent pas en parler à leur médecin

Au stade suivant, le ou les organes s’extériorisent et dépassent largement l’anneau vulvaire. Au début, c’est transitoire. Au fur et à mesure que les heures passent et que les efforts s’accumulent au cours de la journée, l’organe s’extériorise. Il rentre la nuit… et ressort le lendemain.

Par la suite, le prolapsus est permanent. À la clé, des irritations, des érosions et des petits saignements dus au frottement. S’y ajoutent non seulement des troubles urinaires et des difficultés pour aller à la selle, mais aussi d’importantes répercussions psychologiques.

« Sentir la présence d’une boule de la taille d’un œuf m’angoisse et retentit sur ma vie sexuelle », se plaint Sophie. Mais, malgré cet « œuf » ou cette « boule », certaines hésitent à consulter. Pourtant, il faut oser en parler à son médecin.

En consultation, le praticien va faire un premier bilan. Il va identifier le ou les organes impliqués, évaluer la force des muscles du périnée et repérer tous les problèmes associés. L’examen clinique suffit en cas de prolapsus débutant.

Dans les cas les plus avancés, une échographie et un examen urodynamique de la vessie sont demandés, notamment pour connaître la force du sphincter de l’urètre. En cas de prolapsus complexe, des radiographies ou un électromyogramme sont prescrits (l’IRM est à l’étude dans cette affection).

« Certains médecins ajoutent un bilan psychologique et sexologique, dit le Dr Fallon. Impossible de faire un traitement complet si l’on n’a pas mesuré tous les retentissements du prolapsus. »

Faire de la rééducation

La rééducation périnéale est souvent prescrite pour renforcer les muscles du plancher pelvien. Le kinésithérapeute utilise des exercices de contraction-décontraction et des techniques d’électrostimulation. « On peut visualiser les progrès accomplis sur un écran de contrôle », ajoute le Dr Alain Bourrier.

Reste que « l’auto-rééducation est indispensable pour en garder les bénéfices », affirme le Dr Fallon.

La rééducation est recommandée pour éviter l’aggravation des prolapsus débutants ou modérés. Elle est aussi bénéfique quand le prolapsus se manifeste de façon intermittente dans la journée.

Certes, elle ne peut pas « remonter » les organes, mais elle peut stabiliser la situation et améliorer, voire supprimer la sensation de pesanteur. En revanche, elle n’est pas conseillée si le prolapsus est extériorisé en permanence.

La chirurgie pour qui ?

En cas de prolapsus ou très gênant, la chirurgie est indiquée pour consolider le bas du pelvis et « réamarrer » les organes.

Les femmes plus âgées sont opérées par voie vaginale, dans 90 % des cas sous anesthésie péridurale. L’hospitalisation dure quatre jours, et la convalescence un mois et demi. Attention, pas de bains, ni de courses ni de ménage, et il ne faut pas avoir de relations sexuelles ni faire d’effort
durant ces six semaines. La cicatrice est indolore et invisible, mais tous les muscles du ventre doivent rester au repos.

Pour les plus jeunes, l’intervention par voie haute sous cœlioscopie garde des avantages. Elle impose une anesthésie générale, mais la fixation des organes semble plus durable grâce à l’utilisation de prothèse.

L’utérus peut être retiré ou non, selon le souhait et l’âge de chaque femme. Si la chirurgie est impossible, on peut utiliser un pessaire, anneau recouvert de latex qui maintient les organes. Enfin, la prescription d’œstrogènes locaux (ovule ou crème) apporte toujours un plus après la ménopause.

Témoignages

« J’ai fait trop de sport »

Brigitte, 38 ans

Éducatrice sportive, championne de trampoline, Brigitte se dépense sans compter Mais, après avoir accouché d’un gros bébé, elle souffre d’une descente d’organe. On lui prescrit une quarantaine de séances de rééducation, et tout rentre dans l’ordre ; plus, de pesanteur ni de constipation. Treize ans après, la « boule » est de nouveau là, chaque soir, et gêne beaucoup Brigitte, On l’opère, et aujourd’hui, tout est oublié,

Je viens de me faire opérer »

Jeanne, 82 ans

« Depuis mon premier accouchement, long et difficile, je souffrais d’infections urinaires à répétition. En cinquante ans, ou presque, aucun traitement n’en était venu à bout et récemment, on a enfin trouvé l’origine de ces troubles : une descente d’organes. J’ai été opérée et maintenant tout va bien. »

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